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La laïcité, un tabou étranger à notre culture

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La laïcité, un tabou étranger à notre culture

« La République du Sénégal est laïque , … » sont les premiers mots de l’Article Premier de notre Constitution.

Depuis plus d’un demi siècle, nous acceptons comme une évidence, une vérité absolue, une vérité universelle, cette assertion que peu de personnes ont osé questionner, encore moins remis en cause.

Seuls quelques religieux, très rapidement rangés dans l’extrémisme religieux, ont élevé leurs voix pour demander la suppression de l’inscription de la laïcité dans notre constitution.

Le temps, l’habitude et les leçons apprises à l’école élémentaire ont fait faussement de la laïcité une évidence, presque une identité sénégalaise.

Les intellectuels de ce pays se taisent par ignorance ou s’autocensurent face à cet immense tabou qui les dépasse.

Une minorité agissante de nos élites s’aligne sur les positions des puissantes forces de l’ombre qu’ils pensent contrôler, en grande partie, les carrières et les rayonnements internationaux dont ils aspirent .

Face à la crise culturelle, idéologique et à la crise des valeurs qui minent notre société, il incombe à chaque sénégalaise et à chaque sénégalais de faire un diagnostique courageux de notre société et de tout ce qui la structure pour mettre en évidence les causes du mal et les moyens de le conjurer.

Depuis plusieurs publications j’assume mon devoir d’inventaire critique.

Je découvre, au fur et à mesure que j’avance dans mes recherches, d’ailleurs souvent avec beaucoup de surprise, des conceptions, des idées et des pratiques, naturellement acceptées unanimement, qui, en réalité, n’étaient pas si évidentes, si naturelles et encore moins universelles.

Le transfert de l’universalisme des lois de la nature notamment de la physique aux sociétés, aux cultures et aux relations internationales est la plus grande supercherie du vingtième siècle et de ce premier quart du vingt unième siècle.

Dans nos tropiques africains francophones, la laïcité est la plus grande arnaque politique, sociale et culturelle que les pères fondateurs de notre constitution nous ont léguée.

Ces mots durs vont choquer beaucoup de consciences innocentes mal préparées, comme moi il y a quelques années.

Ils vont penser que j’ai perdu la tête. Il y aura des intellectuels bien pensants, gardiens des temples invisibles de notre déperdition et de notre désintégration culturelle et morale qui prendront la parole pour tenter de m’anéantir intellectuellement et, certains moralement.

Comme Archimède avec la poussée de l’eau, comme Galilée avec la terre qui tourne autour du Soleil, comme Newton avec la loi fondamentale de la dynamique, comme Einstein avec la relativité restreinte, comme Cheikh Anta DIOP avec l’origine nègre de la civilisation égyptienne pharaonique, il faut reconnaître que la laïcité est une exception française qui ne s’applique même pas sur tout le territoire français.

En effet sur les vingt-sept (27) pays de l’Union Européenne (UE), la France est le seul pays qui a inscrit le principe de la laïcité dans sa constitution.

Le principe de la séparation des Églises et de l’État n’est inscrit que dans la constitution de huit (8) pays au niveau de l’Union Européenne : Hongrie, Lettonie, Portugal, Tchéquie, Slovaquie, Slovénie, Suède et France.

L’UE compte six (6) pays qui ont dans leur constitution le principe de la Religion d’État: Danemark, Finlande, Norvège, Grande Bretagne, Malte.

Ainsi, en Europe, le principe de la laïcité est une exception française.

En Afrique et dans le Monde, le principe de la laïcité est quasiment inconnu à moins d’être étudié comme un des principes produit par la révolution française de 1789, fondamentalement anticléricale.

En France même, le principe de la laïcité n’est pas universel.

En effet les régions de l‘Alsace et de la Moselle sont sous le régime du Concordat.

Ainsi dans ces régions la religion est enseignée au primaire et au collège à tous les élèves sauf à ceux dont les parents ont demandé une dispense en début d’année scolaire.

L’Université de Strasbourg a une Faculté de théologie catholique et une Faculté de théologie protestante, l’Université de Lorraine à Metz a dans son Unité de Formation et de Recherche Sciences humaines et Arts un département de théologie avec deux parcours théologie catholique et pédagogie religieuse.

Les diplômes délivrés dans les études religieuses par ces universités sont des diplômes d’État au même titre que leurs autres diplômes.

Les ministres du culte de ces deux régions (diacres, prêtres, évêques, pasteurs, pasteurs calvinistes et luthériens, rabbins) sont rémunérés par l’État français.

Les Évêques de Metz et de Strasbourg sont nommés par décret du Président de la République française et rémunérés par l’État français.

Comment comprendre qu’un pays comme le Sénégal, qui a une culture religieuse profondément enracinée dans la société et la culture, puisse inscrire dans sa constitution un principe anticlérical, adopté dans un infime nombre de pays, qui n’est même universel dans son pays d’origine.

L’inscription du principe de la laïcité dans la Constitution de notre pays est une grave anomalie, une supercherie et un affichage pour plaire à certaines forces occultes qui en font un de leurs cheval de bataille.

C’est aussi et surtout le moyen invisible de couper le cordon ombilical des religions avec notre société. Ceci malgré le fait que la religion joue un rôle fondamental dans la formation de notre jeunesse et la construction de sa personnalité.

Les pouvoirs qui se sont succédé, consciemment ou inconsciemment, ont été de vrais tartuffes, souteneurs des communautés religieuses au niveau national et agitateurs du drapeau de la séparation de l’État avec les religions dans les conclaves où il est de bon ton d’assumer la laïcité de l’État.

Pour restaurer nos meilleures valeurs de culture, contribuer au redressement moral de notre société, affirmer notre identité et notre confiance en soi, le principe de la laïcité devra être enlevé de la Constitution.

La laïcité devra être remplacée par exemple par:« l’État devra accompagner les sénégalais dans la connaissance et l’exercice de leurs religions et il devra aussi assurer un égal traitement des sénégalais par rapport à leurs religions ».

Sur le chemin de la reconquête de notre identité, de nos meilleures valeurs morales et culturelles, les religions occupent une place primordiale.

Dakar, mercredi 14 septembre 2022
Mary Teuw Niane

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